Le dialogue virtuel

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Dialogue virtuelLe dialogue entre les êtres humains est entré depuis les années 80 dans l’ère de la virtualité. Cela signifie des codes nouveaux de communication ainsi que l’application de règles et des principes. Après la sexualité, le domaine de la santé est l’un des champs d’application les plus avancés dans le dialogue virtuel.

Dans les années qui viennent l’apprentissage de la virtualité va devenir indispensable car elle a envahi notre monde, et la relation médecin-patient ne peut y échapper.

Petite histoire de la virtualité

Avant l’invention de l’écriture, le seul moyen pour que deux personnes dialoguent était la présence physique avec une transmission d’information synchrone. L’écriture a transformé ce dialogue en un échange asynchrone, la lecture de l’information pouvant être effectuée bien après son émission. Elle a introduit de ce fait dans le dialogue une part de virtualité.  La correspondance qui s’en est suivie a nourri pendant des siècles la littérature selon un mode très établi.

Rien de tout cela n’a véritablement bougé jusqu’à l’invention du téléphone où deux personnes peuvent alors dialoguer à distance et de façon synchrone. Ce nouveau moyen de transmission a nécessité de revoir les codes de communication. Le dialogue réel a acquis une certaine part de virtualité. Pour que le dialogue ait un sens, le téléphone impose à chacun des interlocuteurs de recomposer mentalement les éléments visuels qui lui manquent : les hésitations, les soupirs, les modulations de la voix, prennent alors une valeur considérable et ouvrent la porte à  interprétation, laquelle peut être totalement erronée.

L’arrivée du minitel avec les messageries dans les années 80, a introduit dans le dialogue un nouvel élément de virtualité : le dialogue écrit en mode synchrone. L’effort de recomposition mentale est alors encore plus important à effectuer puisque on ne voit pas son interlocuteur, on n’entend pas sa voix et on ne le connait qu’au travers d’un pseudo (on n’est d’ailleurs pas certain que derrière le même pseudo il s’agit toujours de la même personne).  Le dialogue est alors seulement écrit, ce qui entraine une violence inhérente à la crudité des mots employés. D’où l’introduction qui a été faite vers les années 90 des smileys, destinés à compenser l’âpreté du langage écrit et réintroduire la rondeur du langage parlé.  Ce dialogue virtuel s’est prolongé sur internet selon des systèmes semblables jusque vers les années 2002.

Et puis le haut débit est apparu. Il a permis de réintroduire l’image : on peut à nouveau voir son interlocuteur ;  une part de mystère et donc de virtualité a ainsi disparu, ce qui a permis de revenir à des anciens modes de communication (une quasi présence physique), mais aussi ce qui a nécessité un certain apprentissage. La téléconférence est à présent un mode de communication naturel d’où toute virtualité a disparu, mais qui a introduit une nouvelle notion, celle de dématérialisation : on ne dialogue plus que par écran interposé.

On pourrait penser que l’on est revenu à un mode de dialogue « quasi réel » mais plusieurs éléments sont venus réintroduire de la virtualité :

  • les forums de discussion : le dialogue est multiple, anonymisé grâce à l’emploi des pseudos, et permet d’illustrer le propos par la fourniture d’images, de sons ou de liens vers des sites internet.
  • les serveurs interactifs, qu’ils soient vocaux ou visuels, où le dialogue s’effectue directement avec une machine (au prix d’ailleurs souvent de fortes crises de nerfs ;-) )
  • les avatars où la machine prend une apparence et dialogue comme s’il s’agissait d’une personne. La voix est ouverte à un champ considérable d’inventivité et d’intelligence dans le domaine de l’éthologie.
  • Les réseaux sociaux où la moindre information peut être connue en temps réel et pour une multitude d’interlocuteurs, lesquels peuvent réagir également en temps réel.

Cette nouvelle part de virtualité a introduit un nouvel acteur dans le dialogue  : les machines.

Pour résumer, le dialogue moderne est désormais quasi virtuel, synchrone, dématérialisé, multi-utilisateurs, totalement interfacé avec les machines. On est bien dans un dialogue de type 3.0. comparable à la pensée 3.0.

Le dialogue virtuel médecin-patient

Appliqué à la relation médecin patient, on imagine facilement la formidable évolution que cela entraine. En effet, le schéma de la relation médecin-patient montre bien que l’acte médical est composé de dialogue et d’actes, certains actes faisant partie intégrante du dialogue  :le contact physique lors de l’examen, la communication non verbale, et le seul fait de la présence.  Il est clair que virtualité introduit une part de risque dans la qualité du dialogue, voire en empêche la réalisation.

Il faut en effet bien distinguer dans l’acte médical, ce qui est du domaine strict du médecin et ce qui peut être délégué.

  • Ce qui ne pourra -a priori-  jamais être effectué que par un médecin et en sa présence, ce qui exclut toute virtualité :
    • l’endossement de la responsabilité médicale concernant l’acte médical,
    • la légitimité du pouvoir médical que le patient va accorder au médecin
    • La valeur de l’empathie dégagée par le médecin, et par conséquent l’importance de l’effet placebo
    • La réalisation (pour l’instant encore) d’un examen physique.
    • la réalisation de certains actes techniques intrusifs
  • Ce qui pourra être délégué et permettre une certaine virtualité :
    • la réalisation de certains examens complémentaires. L’exemple des manipulateurs radio a montré qu’un personnel paramédical bien formé pouvait sans problème remplacer le radiologue dans la réalisation de l’examen.
    • La réalisation de certains traitements : on effectue désormais des dialyses mis en place par des infirmières spécialisées sous le contrôle d’un néphrologue distant. Idem pour le soin des plaies. Une intervention chirurgicale a même été effectuée par un robot piloté à distance par un chirurgien. On entre alors dans le domaine de la robotique qui entre conceptuellement dans la virtualité.
  • Certaines étapes sont  tout à fait compatibles avec la virtualité :
  • Ce qui risque de bouger :
  • L’examen physique est encore incompatible avec la virtualité car il nécessite la présence physique du médecin. On peut toutefois penser qu’à moyen terme, des capteurs suffisamment performants et manipulés soit par des non médecins dans le cadre d’une délégation formelle, soit manipulés à distance par le médecin dans le cadre de la robotique, pourront remplacer la présence physique du médecin et effectuer des actes à distance (auscultation, palpation, inspection…)

Les enjeux du dialogue virtuel

Il ne s’agit pas là de céder à une tentation technologique pour le seul plaisir de satisfaire des adeptes de la robotique, mais de replacer l’intérêt du dialogue virtuel  dans le cadre économique et médical actuel : désertification médicale au niveau territorial, vieillissement de la population, problématique des transports au plan écologique et environnemental, nécessité de l’information médicale dans le cadre de la Loi Kouchner et des décrets d’application de la Loi HPST.

Tous ces éléments rendent nécessaire, voire inéluctable le conseil médical en ligne et le dialogue virtuel. Les enjeux sont multiples  :

  • aider à la résolution d’une problématique personnelle
  • obtenir un avis ou un conseil

Tous ces éléments sont résumés dans le schéma de l’information en e-santé :

 

 

 

 

 

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