L’intelligence artificielle aurait-elle pu sauver Leana ?

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Triste histoire racontée dans le Journal International de Médecine du 12 Mars 2018. Retour sur les faits.

Les faits relatés par le JIM

  • Une jeune femme de 19 ans se présente le 9 Février aux Urgences Médecine de l’hôpital Edouard Herriot à Lyon. Motif : mal à l’oreille avec les signes d’une otite classique (accompagnée d’ une température de 39 °C). Traitement classique prescrit : antibiotiques et antalgiques.
  • Deux jours après, le 11 Février , la douleur ne s’atténue pas et les symptômes se compliquent de vomissements et de violentes céphalées. Quand ses amis contactent les urgences pour évoquer le cas de Leana on tente de les rassurer sur le fait que les traitements vont finir par faire effet. Elle n’est donc pas examinée par un médecin
  • Le lendemain, le 12 Février, Leana retourne aux urgences. Du liquide s’écoule de son oreille. Ce signe d’alerte ainsi que l’évocation par la jeune fille de ses maux de tête et de ses vomissements ne convainquent cependant pas le médecin. Leana rentre chez elle avec un autre traitement après avoir patienté pendant 8 heures avant d’être examinée.
  • Le 23 Février, soit 14 jours après, son état continue à s’aggraver et c’est dans le coma qu’elle est transportée à l’hôpital le 23 février, où elle meurt, victime d’un abcès cérébral.

Il n’est pas question ici de jeter la pierre sur quiconque ou d’incriminer l’équipe médicale. On sait trop à quel point les urgences sont saturées, que médecins et infirmières sont au bord du burn-out en raison de conditions de travail souvent difficiles et stressantes. Les médecins savent bien, et nous l’avons tous vécu un jour ou l’autre,  que la « bobologie » peut comporter des pièges et cacher de véritables urgences, ceci d’autant plus que l’abcès du cerveau est une pathologie rare.

Les faits analysés par l’IA MEDVIR

J’ai donc repris l’histoire telle qu’elle a été décrite dans le JIM, avec les seuls symptômes qui y ont été rapportés. J’ai entré ces simples données dans le système expert MEDVIR, tel qu’il aurait pu être utilisé aux urgences par l’équipe médicale, et à domicile par Leana.

Je reproduis ci-dessous strictement le reporting établi par MEDVIR lors de ces 4 épisodes. Ils parlent d’eux-mêmes :

9 Février : J1

La suspicion du diagnostic est claire malgré le peu d’éléments décrits et l’absence de signes d’examen clinique : otite. Durée de prise en charge souhaitable : 60 mn. Rien à dire

11 Février : J3

Devant le mal de tête inhabituel accompagné de fièvre et de vomissements, survenus sous traitement antibiotique et avec des douleurs à l’oreille, MEDVIR demande un avis médical immédiat, en raison d’une suspicion de méningite (logique mais qui n’est pas le diagnostic final), mais surtout d’hypertension intracrânienne.

12 Février : J4

Le mal de tête (dont on ne sait pas l’importance) accompagné de l’écoulement de l’oreille aurait là aussi nécessité un avis médical immédiat, pour les mêmes raisons que la veille. Leana a patienté 8 heures avant de voir le médecin.

23 Février : J14

Léana est chez elle, les signes se sont aggravés, avec notamment un coma. L’appel au 15 est indispensable, et MEDVIR évoque bien l’abcès du cerveau comme cause possible parmi 2 autres causes logiques, et toujours cette hypertension intracrânienne.

Au total

On n’a pratiquement aucun élément d’interrogatoire. C’est donc avec très peu d’éléments que MEDVIR a dû raisonner.

  • J1 : otite : Prise en charge 60 mn
  • J3 : Hypertension intracranienne/méningite. Avis médical  immédiat
  • J4 : Hypertension intracranienne/méningite. Avis médical  immédiat
  • J14 : Overdose/Hypertension intracranienne/Intoxication médicamenteuse/Abcès du cerveau. Appel au 15

Les signes d’hypertension intracrânienne ont été dépistés dès J3 par MEDVIR et auraient nécessité un avis médical immédiat.

Léana serait peut-être décédée de toute façon, on ne le saura jamais. Mais rétrospectivement, cette histoire prouve que l’aide au diagnostic et à la prise de décision par MEDVIR, surtout dans des urgences débordées aurait sans doute pu améliorer sa prise en charge.

Intégralité de l’article du JIM sur :

http://www.jim.fr/medecin/pratique/recherche/e-docs/deces_dune_etudiante_dune_complication_dotite_la_prise_en_charge_a_ete_normale_selon_lhopital__170640/document_actu_pro.phtml

 

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