La médecine 4.0 a déjà commencé !

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La médecine 4.0 a dores et déjà mis en place ses jalons. Elle peut tout autant être notre avenir que notre perte.

Tout va tellement vite ! Internet n’a qu’une petite vingtaine d’années, et le monde 4.0 est déjà à nos portes. L’industrie fonctionne déjà dans un monde 4.0, certains frigos japonais sont déjà en mesure de fonctionner en 4.0. Mais finalement, c’est quoi le 4.0 appliqué à la médecine ?

De la médecine 1.0 à la médecine 4.0

Les concepts sont désormais à peu près figés :

  • La médecine 1.0, c’est la relation que nouent un médecin et un patient lors d’un échange qu’on appelle le « colloque singulier ». Cet échange peut tout aussi bien se faire en direct, comme la simple et traditionnelle consultation, mais elle peut se faire par téléphone (le conseil téléphonique), par e-mail (l’avis à distance), ou par écran interposé (la télémédecine 1.0). Même si d’autres médias viennent un jour s’ajouter, on restera toujours dans cet échange 1.0.
  • La médecine 2.0 a débutée dès les années 1985 sur minitel avec les premiers embryons de forums. Mais c’est vers les années 2000, que les forums sur internet ont fait entrer la médecine 2.0 dans un discours mondial. Le couple médecin patient subit l’interaction de la société tout entière (les autres patients, les autres professionnels de santé, mais aussi les assureurs, et le pouvoir politique). Dès cet instant le colloque singulier est devenu pluriel. Mais ce sont toujours des êtres humains qui interagissent entre eux en utilisant les moyens numériques comme média.
  • La médecine 3.0 a fait effectuer un véritable « saut quantique » dans la mesure où sont venues s’inviter dans ce colloque pluriel, l’intelligence des machines. Qu’il s’agisse d’objets connectés qui délivrent des données (les 5 milliards d’objets connectés dans le monde), ou de systèmes expert qui apportent leur expertise aux humains et qui contextualisent ces données en interrogeant le patient (comme le système MEDVIR dans e-docteur.com ou Bewell checkup), la machine est désormais présente au sein de la relation médecin-patient. On parle de patients connectés (notamment pour les pathologies chroniques) et de médecins connectés (les médecins qui enregistrent les données de leurs patients, ou qui utilisent des systèmes experts pour mieux appréhender leurs symptômes). Cette médecine 3.0 est en pleine construction, car la méfiance des médecins est grande face à ces machines qui prétendent les aider. Mais de plus en plus de médecins se rendent compte que la progression des connaissances est telle que sans ces « exo-cerveaux » représentés par les systèmes experts ou les bases de données intelligentes type Watson, ils prendront des risques de perte de chances pour leurs patients. La mutation prendra sans doute quelques années, sans doute sera t-elle un peu douloureuse en cas de résistance au changement, mais elle est inéluctable.
  • Alors on ne peut s’empêcher de penser au stade suivant : la médecine 4.0 qui a déjà débuté alors même que le 3.0 en est à ses débuts. La médecine 4.0 est la capacité qu’auront les machines de se comprendre et de dialoguer entre elles à la vitesse de leurs processeurs. Le CES 2016 de Las Vegas a déjà donné le tempo : d’ici 2020, il y aura au moins 20 milliards d’objets connectés dans le monde. Ils seront précis, fiables (dispositifs médicaux), à faible consommation énergétique, communiquant en temps réel dans le « Cloud » (ce nuage de données issu de tous les patients), délivrant des big datas, qui seront rendues interprétables (smart datas) grâce à des systèmes experts qui contextualiseront toutes les données. Les corrélations établies par les machines nous donneront accès à un autre domaine de connaissance, notamment lorsque seront intégrées les notions de génomique (médecine prédictive), de microbiote (notre flore intestinale), et d’épigénétique (l’influence de l’environnement et de nos comportements sur nos gènes). Cette masse de données issue des objets connectés de toute nature et interprétées par des systèmes experts, ne pourra être gérée que par des machines qui grâce à l’intelligence artificielle, pourront communiquer entre elles et créer de nouvelles façons d’observer les humains. On voit bien le risque, déjà décrit par Orwell, Asimov et Huxley, celui d’un « totalitarisme numérique », qui pour notre bien prendra le contrôle de nos vies.

Évidemment, c’est encore un fantasme, une peur encore irraisonnée, mais les prémices sont là, et la progression des machines est exponentielle. Alors que pouvons-nous faire ?

Intelligence et éthique

La réponse est dans la construction intelligente et éthique de la médecine 3.0.Et ceci dès maintenant.

  • Construction intelligente, cela signifie mettre en place le contrôle absolu des données par l’être humain. Et seulement par lui.  D’abord en structurant les données de façon à ce qu’elles passent toujours par le goulot d’étranglement de la relation médecin-patient, notre bonne vieille médecine 1.0. Ensuite en protégeant ces données par des lois qui assurent à la fois une anonymisation (pour la protection des individus), et une traçabilité (pour permettre à la science d’avancer). La « pseudanonymisation » est un chantier à ouvrir d’urgence. Enfin, en concevant des algorithmes où doit sans cesse rester à l’esprit la question « Est-ce pour le bien du patient ? ».
  • Ethique, cela signifie mettre au point des normes éthiques garantissant les notions de bienfaisance, d’autonomie, de non malfaisance et de justice, comme décrit dans les travaux de Jérôme Béranger (*). La création d’un label éthique est l’une des premières urgences pour garantir que le monde 3.0 mette en place des garde-fous qui nous évitent de sombrer dans un monde 4.0 totalitaire.

 

(*) Les systèmes d’information en santé et l’éthique : http://iste-editions.fr/products/les-systemes-d-information-en-sante-et-l-ethique

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