Mieux que l’automédication, l’autovigilance

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L’autovigilance est à la prévention ce qu’est l’automédication au traitement.

C’est la forme la plus immédiate de prévention puisqu’elle permet à la personne de prendre elle même les problèmes à la base. Cette idée existe depuis longtemps (autopalpation des seins, auto surveillance des grains de beautré, etc.). L’autovigilance consiste donc à se connaître suffisamment pour savoir dépister et déceler les signes qui permettent soit de se soigner tout seul durant une durée limitée (automédication primaire), soit de consulter un médecin dans des délais adaptés à la situation. Mais pour cela, il faut de l’information.

Previously on ZeBlogSante : Le terme d’automédication est un « faux ami », car il regroupe sous le même vocable 3 attitudes, situations ou comportements différents. L’automédication primaire qui consiste à soigner les symptômes en évitant la tentation de l’autodiagnostic ; l’automédication secondaire où l’on réutilise pour un diagnostic qui a déjà été porté les médicaments prescrits antérieurement par le médecin ; l’automédication tertiaire qui est la manipulation par le patient lui-même d’un arsenal thérapeutique complexe dans le cadre d’une maladie chronique (diabète ou asthme). L’automédication n’est pas un but ou une fin en soi, c’est l’une des possibilités dans le cadre plus élargi de l’autovigilance.

Les principes de l’autovigilance

Il s’agit essentiellement d’un état d’esprit qui consiste :

  • à bien se connaître, corps et esprit,
  • à observer ses symptômes sans chercher à faire un autodiagnostic
  • à consulter le médecin lorsqu’un signe est inhabituel ou traine de façon anormale ou ne guérit pas spontanément
  • à suivre le parcours de soins normal en consultant son généraliste
  • à n’utiliser sur internet que les signes donnant des conseils personnalisés fournis par un médecin ou par des logiciels experts construits par des équipes médicales.
  • à faire confiance dans les capacités d’autoréparation du corps
  • à comprendre que ce qui est valable pour une personne (diagnostic, examens, traitement), ne l’est pas forcément pour soi-même.
  • A se considérer comme un individu, et non comme une suite de résultats d’examens
  • A faire confiance à la capacité qu’on a de veiller sur soi avec l’aide des professionnels de santé

Les risques de l’autovigilance

Le risque est de pêcher par excès de confiance en… sa vigilance, un peu comme cet état qui précède l’endormissement quand on est au volant. Ou au contraire de vivre dans un état de perpétuelle inquiétude à force de surveiller le moindre « pêt de travers ».

  • L’excès de confiance en sa propre vigilance consiste à pousser à l’extrême cette phrase classique « je me connais bien ! », ce qui laisse le champ libre à toute les interprétations, soit dans le sens d’une inquiétude à l’excès, soit de la fausse sensation de sécurité. Ce genre d’attitude peut aboutir à considérer certains signes comme négligeables ou rassurants alors qu’il sont annonciateurs de problèmes graves ou de se persuader que les symptômes qu’on ressent sont sérieux et de courir aux urgences en pleine nuit pour une maladie fantasmatique. Ces deux excès de confiance en son propre avis ont un point commun, l’illusion de l’autodiagnostic.
  • A l’opposé, le manque de confiance en sa propre vigilance conduit soit à l’hypochondrie puisqu’on se juge incapable d’analyser son propre état, soit au refus d’auto-observation qui aboutit à négliger tout signe d’alerte.
  • Une parenthèse à ce sujet. L’hypochondrie a existé de tout temps, elle est une autovigilance névrotique et négative : les personnes qui en sont atteintes  s’observent avec excès dans la crainte perpétuelle de survenue d’une maladie grave. L’hypochondrie moderne existe sous une forme 1.0, ce sont ces personnes qui lisent tout sur les maladies dont elles pensent être atteintes. La forme 2.0 est la cyberchondrie qui s’étale dans les forums ou les sites santé. Mais le  jour où les machines sauront tout sur nous, une forme très perverse d’hypochondrie risque d’apparaitre générée par l’intelligence des machines aux mains d’industriels ou de groupes peu scrupuleux. On voit bien là encore sur cet exemple précis, que le passage du 2.0 au 3.0 impose l’introduction dans la conception des machines une dimension éthique indispensable et l’instauration de règles, déjà édictées par Asimov (le robot ne doit jamais nuire à l’homme).

Il est donc nécessaire d’adopter une attitude responsable, et de se faire accompagner par les bons médias.

L’attitude d’autovigilance

Cette attitude se résume à quelques points simples :

  • Connaître son corps.  Ce n’est pas si facile car à force de vivre avec soi-même, on peut s’habituer à ce qui ne l’est pas, ou considérer comme normal quelque chose qui ne l’est pas. Se connaître, c’est donc se comparer, à soi-même tel qu’on était auparavant, et aux autres qui sont de la même tranche d’âge. Par exemple, lorsqu’on est un homme entre 50 et 65 ans, la simple constatation des problèmes survenant ausx seniors de son entrourage, permet d’avoir en tête que les problèmes n’arrivent pas qu’aux autres et que statistiquement, il faut envisager la possibilité d’en être atteint soi aussi, en particulier si on a des facteurs de risque. Autre exemple, l’approche de l’âge de la ménopause chez une femme doit l’amener à considérer que ce tournant peut commencer à se manifester. D’où la nécessité de s’auto-évaluer. Les TIC en santé permettent d’accéder à des [outils d'évaluation].
  • Reconnaître les signes d’alerte : dans tout problème de santé, il existe toujours un signe émergeant ; ce signe est associé ou non à d’autres signes qui l’accompagnent. C’est la confrontation du symptôme le plus génant avec les signes d’accompagnement qui permet d’évaluer la gravité de la situation.  Toute modification ou signe qui semble anormal, inhabituel, insolite, inquiétant, doit attirer l’attention et être pris en considération. Par exemple, une douleur abdominale anormalement forte, avec une sensation de malaise, des sueurs froides, le tout de survenue brutale, sont suffisamment inhabituels pour amener à consulter. Si on essaye de poser un autodiagnostic (péritonite, appendicite, gastroentérite, malaise vagal ou autre…) on a toutes les chances de se tromper par excès ou par défaut et à ne pas avoir la bonne attitude. Par contre si l’on s’en tient au simple fait que plusieurs symptômes inhabituels se sont manifestés soudain, on envisage que c’est potentiellement grave et on fera appel au médecin. Pour se faire aider on dispose là encore sur internet [d'outils de régulation médicale]
  • Consulter à bon escient, c’est à dire à temps. C’est la conséquence d’une [automédication primaire] bien comprise. Tout symptôme qui ne passe pas en automédication au bout de 2 ou 3 jours nécessite de consulter un médecin.
  • Savoir qui consulter. La tentation de l’autodiagnostic (surtout en surfant sur internet) conduit à des dérives et des errements. Ainsi, le fait de se faire un autodiagnostic peut amener à consulterd’emblée un spécialiste, lequel n’explorera que la sphère qu’il maîtrise et en cas de négativité renverra vers le généraliste ou vers un autre spécialiste. Le risque est l’errance de spécialiste en spécialiste alors que la consultation du généraliste ou d’un interniste aurait permis rapidement d’orienter vers le spécialiste. C’est tout la raison d’être du [parcours de soins] instauré par la Loi de 2004 sur l’Assurance Maladie. Le recours au généraliste en première intention reste la sagesse. Une remarque sur internet : chercher à reconnaître dans les descriptions des maladies sur les diverses encyclopédies médicales les signes dont on est atteint est un non sens, pour la simple raison que ces descriptions sont toujours générales et que les formes typiques d’une maladie sont rares ; la plupart du temps, les signes sont incomplets, atypiques ou diversement associés, c’est ce qu’on appelle les « formes cliniques » des maladies. Ce genre d’attitude favorise  »la cyberchondrie », mais surtout peut amener les patients inquiets à ne pas emprunter le parcours de soins normal et à contacter le spécialiste de la maladie qu’ils sont certains d’avoir dépisté. Seul des programmes du type « médecin virtuel », qui ne seront opérationnels que d’ici 3 à 5 ans, petrmettront par le recueil des symptômes d’envisager des diagnostics possibles avec un degré de confiance suffisant. Dans cette attente, et à part de très rares sites comme planetdoctors en mesure de faire de l’orientation et de la régulation médicale sur un njombre très limité de pathologies urgentes, mieux vaut s’abstenir.
  • Remettre les médicaments à leur juste place. Notre organisme possède des armes d’autoguérison ; les médicaments ne sont le plus souvent là que pour atténuer les effets désagréables (on pourrait dire les dommages collatéraux) de cette guerre entre l’organisme et la maladie, ou pour hâter la guérison. La prise d’un médicament est loin d’être la solution obligée.

 

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1 reponse à “Mieux que l’automédication, l’autovigilance”

  1. Anonyme dit :

    Bravo Dr pour votre nouvelle invention : la cyberchondrie 3.0, c’est bluffant. Merci aussi d’ expliquer simplement des concepts parfois difficiles autovigilance, automédication, autodiagnostic, il y aurait de quoi s’y perdre, et de fait, les malades, comme les journalistes ne résistent pas toujours à la tentation de vouloir jouer les médecins en oubliant de s’en tenir aux faits.

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